Le billet de ce jour parlera du dernier costume 18e que j’ai fabriqué : un ensemble vieux-rose tel que portés aux alentours de la révolution (entre 1787 et 1790). Il est composé d’une jupe blanche en voilage portée sur des jupons de voyage en crin pour donner la bonne forme, un gilet (porté sur une chemise et bien entendu un corset conique) et une courte veste aux allures de redingotes -ou « pierrot »-.
This article will talk about the last 18th suit I made : a rose colored set worn around the French Revolution (between 1787 and 1790). It consists of a sheer white skirt worn over traveling petticoats to give the right shape, a waistcoat (worn over a shirt and of course a conical corset) and a short jacket tailored with a redingote shape (called « pierrot »).
 
Vue de dos, et bien accompagnée par la charmante miss M en robe à l’anglaise.

 

Vue de face.
 
Gros plan.
 
NB : Un grand merci aux photographes présents ce jour-là et particulièrement à ceux dont j’ai honteusement emprunté les photos, Thierry Liard et Luc Morel (suivez les liens pour voir leurs images de la journée à Breteuil -sortie organisée par le « Ministère des Modes »-).
 
 
.: Inspirations et détails techniques du costume :.
 
L’anglomanie a touché la France dès le début de la décennie, avec des vêtements aux coupes plus simples et plus confortables à porter. La redingote (le mot provenant en réalité de « riding coat » prononcé avec notre mauvais accent anglais national) arrive en force avec ses grands cols et ses rangées de boutons jusque-là réservés aux messieurs. Elle se décline en robes qui finissent par raccourcir pour donner des vestes à basques appelées « pierrot » (voir cet article très intéressant sur le sujet et aussi quelques images sur le pinterest de notre American Duchess préférée).
Anglomania hit France since the beginning of the decade, with simplified cutted clothes and more comfortable to wear in everyday life. The redingote (from the word « riding coat » pronounced with our national bad English accent) fast became popular with its large collars and rows of buttons previously reserved for gentlemen. The redingote dresses finally shorten to give jackets with kind of tails called « pierrot » (see this interesting article on the subject and also some pictures on our favorite American Duchess pinterest).
 
Tableau de Georges Romney, 1782.

 

Elisabeth de France, 1787.

 

Gravure de mode, vers 1787.
 
L’un des pierrots les plus connus est sans aucun doute celui du KCI que l’on a pu revoir dans de nombreuses productions hollywoodiennes se passant dans les années 1780 et 1790). En toute franchise, je doute que ce vêtement soit un original vu son formidable état de conservation 😡
One of the most famous pierrots is undoubtedly the KCI’s that you can see in many Hollywood productions taking place in the 1780 and 1790). Frankly, I doubt that this garment is a genuine  one when we see its tremendous conservation state 😡
 
Le fameux ensemble du KCI (reproduit par mauritia.de).
L’original ICI

 

La même pièce mais d’époque, elle 😡
(from IMATEX, the database of the Textile Museum and Documentation Centre in Terrassa)
Forte de ces inspirations, voici ma version du costume (fabriqué afin de pouvoir enfin en obtenir le patron que certaines clientes m’ont demandé de commercialiser -à venir sous peu !-) :
With these inspirations, here is my version of the costume (made in order to draw the pattern because some customers asked me to sell it -coming soon !-) :
 

 

 
Comme je manquais de temps et que ma machine à broder est en panne j’ai opté pour une décoration en trompe l’oeil à la peinture à tissus. Même si la décoration à la peinture se faisait fréquemment pendant la 2e partie du 18e siècle, je n’ai pas d’exemple de son application sur un pierrot. Il aurait donc été « plus histo » de le broder !
As I lacked of time and as my embroidery machine is down I opted for a decorative trompe l’oeil painting on the fabric. Although the decoration with painting was done frequently during the second part of the 18th century, I have no examples of its application on a pierrot. It would have been « more historical » to embroid it !
 

 

 

 
La forme du dos est une demande de ma clientèle (qui l’avait bien aimé sur ma première version de ce pierrot), il s’agit de trois basques (une queue et deux ailes qui rappellent le moineau qui donna son nom à ce vêtement).
The back shape was asked by my customers (who liked it on my first version of this pierrot), with three pieces : one tail and two wings (like the sparrow which gave its name to this garment).
 

.: Inspirations et détails techniques du chapeau :.

J’aime les chapeaux à la Gainsborough, ces très grands chapeaux qui se portent à la perfection sur les coiffures de cette période inspirées de la « coiffure à la reine » de Marie-Antoinette. Autant dire que ce choix s’imposait à moi !
I love the Gainsborough hats, these very large hats that perfectly match with the hairstyles of this period inspired by the « coiffure à la reine » de Marie-Antoinette. The choice of this hat was so obvious to me!
Peinture de Georges Romney, une jolie vision des années 1780 et son gainsborough.

 

Le magasin des modes, 1787. Le pierrot et un grand chapeau.
 
J’ai fabriqué le chapeau à partir de paille tressée, recouvert du tissu du costume et peint des mêmes motifs pour faire un rappel. Et puis bien entendu de nombreuses plumes d’autruches et des fleurs en soie ancienne. Pour répondre aux questions que l’on m’a souvent posé sur Facebook :
– J’achète des plumes anciennes ou chez un fournisseur des cabarets parisiens, c’est le seul moyen d’en trouver des assez fournies. Mais ça revient trèèèèèèès cher, sur ce chapeau il y en a pour presque 400€ de plumes !
– Non, ce n’est pas trop lourd. Il suffit d’y planter au moins deux très grandes épingles à chapeau passant dans la coiffure. Mais il faut bien arrimer les plumes en cas de vent.

I made the hat from woven straw, covered with the fabric of the costume and painted the same for a recall. And of course many ostrich feathers and vintage silk flowers. To answer the questions that were often asked on my Facebook page :
– I buy feathers from antique stores and from a Paris cabarets supplier. It’s the only way for me to find big and fluffy feathers. But it’s soooooo expensive, on this hat feathers cost almost 400 €  (330£ / 530$) !
– No, it’s not too heavy. It is enough to plant at least two very large hat pins passing through the hair. But we must secure the feathers in the wind.

 


Et voilà !
 

 

 
 
 

23 comments

  1. Hi Fanny – I just found the source for the steel grey jacket – it is from Imatex. I think you did a fantastic job, and I love the stenciled design. Thank you for the link as well! 🙂

  2. Franchement, ça peut juste pas être un vrai (grrrrrrrrrrrr, je retrouve pas l'image du KCI lui même en version info) : la couleur est toute fraîche, le tissu nickel, etc. A ce niveau-là ce n'est pas une histoire de conservation, c'est du neuf. Soit ce n'est pas un original soit le KCI a une machine à remonter le temps et là je m'incline.

  3. Quand on regarde le livre du KCI c'est vrai que l'original a l'air d'être dans le même état que la repro de Mauritia (mais peut-être que l'éclairage et la retouche de la photo ont fait des miracles?)

  4. J'ai Fashion chez moi, je vois assez bien à quoi il ressemble, merci. Tu reformules simplement ce que tu disais dans ton post. Tu te bases sur quoi concrètement à part "il est trop beau" ?
    Ton argument me dérange profondément. C'est quoi "trop" bien conservé ? C'est de la datation au pifomètre ! Surtout sur une pièce qui a été sélectionnée, restaurée, préparée, présentée tout exprès pour donner au public une image le plus juste possible de la mode de l'époque.

  5. Je n'y crois pas c'est tout (et je ne suis pas la seule car cette théorie ne vient pas de moi à l'origine). C'est tout autant au pifomètre que de dire qu'elle est d'époque sans l'avoir vue par soi-même sous toutes les coutures…

  6. (Ah okay… les com qui disparaissent…)

    Je disais que ce caraco appartient à un musée. Eux, ils ne l'ont pas daté au pifomètre. Tu ne peux pas contester l'expertise d'un musée en n'ayant vu qu'une photo mannequinnée, vue de biais, couleurs photos possiblement trompeuses. Il y a peut-être des trous sous les aisselles, la broderie est peut-être arrachée de l'autre côté, la doublure est peut-être dans un etat dégueulasse. Après, si l'argument est juste," c'est trop beau pour être vrai", la moitié des costumes de musée sont trop beaux pour être vrais. Allez hop, tout est faux.

  7. Déjà le KCI n'est pas un musée mais un organisme privé. Ensuite, même si c'était un musée ça ne serait pas le premier à faire du neuf avec du vieux : c'est monnaie courante partout, il n'y a qu'en France que ça choque… En Angleterre on met des copies récentes de bonne qualité sans s'en cacher, en Italie on met carrément des répliques anciennes pas forcément correctes en loose-dé.
    Perso, je ne remet pas du tout en cause le KCI : leur collection reste majeure et un modèle.

  8. Cognac-Jay, Jacquemerd-André,… ? Organismes privés, mais musées quand même. Le KCI est une collection museale mais sans espace d'exposition. Ce n'est pas une collection privée. Tu confonds 2 notions, là.
    Tu confonds aussi la question de la copie utilisée à but éducatif (va à la Cité des Sciences, Fanny. Va voir la copie de la ferme à Versailles. Ça se fait en France.) et la copie mensongère présentée comme un original. Tu es en train d'accuser le KCI de falsification, Fanny. Fais gaffe avec tes arguments.

    Quant au sujet des musées italiens, c'est un exemple que tu ferais mieux de ne pas utiliser avec autant de légèreté : entre les musées qui crient famines parce que le budget de la culture en Italie, c'est devenu du pipi de chat, Pompei qui tombent en ruines, et les musées comme celui de Venise (celui dont tu parles, j'imagine), que dénoncent tous les costumiers italiens avec qui j'en ai parlé, qui le considèrent comme une véritable honte, l'Italie est devenue une catastrophe culturelle.

  9. Ah ouais chut ! On pourrait dire que critiquer sans un minimum de méthode, c'est pas très sérieux scientifiquement. Ah mais chut, hein, on est des costumières, pas des scientifiques. Dommage que les gens dont c'est le métier de dater ce genre de vêtements soient, eux, sérieux et scientifiques.

  10. Tiens d'ailleurs juste pour le fun concernant la remarque sur la retouche photo, j'avoue que ça peut-être magique parfois.. Le voilà en violet sans m'appliquer et en 2 minutes… (ça se voit :P) http://i49.servimg.com/u/f49/11/69/34/64/kci10.jpg Même si la restauration (si restauration il y a – je n'y connais rien) ben il ne faut pas oublier qu'en post-prod pour de belles éditions de bouquin, Photoshop est l'ami du photographe.

    Perso j'attends de le voir en vrai mais ile st certes vrai que la retouche photo histoire de booster les couleurs, ça arrive plus souvent qu'on ne croit. Rien à voir avec le véritable débat qui a eu lieu ici il y a quelques semaines, d'après photo on ne peut rien dire, c'est certain 🙂

    Bon en tous cas Fanny quoi qu'il arrive ta repro est superbe, l'effet de peinture fait bien la blague et même si il y a beaucoup de plumes, je vois vraiment ça comme une direcetion créative très claire, bref comme un effet voulu et recherché. Après tous les goûts sont dans la Nature mais je trouve ça marrant et osé au sens positif du terme 🙂

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