En ce 8 mars 2020, j’ai passé pas mal de temps à me demander de quelle grande dame parler (même si à vrai dire je devrais parler de grandes dames plus régulièrement qu’à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits de femmes). Au début je voulais vous parler de Madeleine Pelletier, une avant-gardiste française à l’allure très masculine. Et puis après je me suis dit que son soutien Marguerite Durand serait un sujet au look moins « radical » qui parlerait à plus d’entre vous. Mais je me suis rappelée qu’hier, samedi 7 mars 2020, une manifestation de femmes réclamant de la justice pour celles qui subissent des violences a été réprimée violemment par le pouvoir en place à Paris, et que Madeleine comme Marguerite n’ont pas eu tant de succès que ça. Alors la britannique Emmeline Pankhurst m’est venue à l’esprit. Finalement, pourquoi choisir ? Je trouve qu’elles se complètent admirablement pour parler du féminisme à la Belle Epoque. Mais comme c’est un peu long, j’ai décidé de scinder cet article en 3 articles : un par grande dame. Elles le méritent bien après tout !
I spent a lot of time thinking about whose great ladies I was going to speak about for this « international women’s day to struggle for their rights ». First I thought about Madeleine Pelletier, a french pioneer with a very masculine style. I too thought about Marguerite Durand, her less radical looking support. But I recalled that yesterday, march the 7th, 2020, a women demonstration in Paris was repressed with violence by french authorities, and that Madeleine as Marguerite had not the expected success. Than, the british Emmeline Pankhurst came in my mind. Why choosing ? The 3 ladies complement each other to talk about feminism during the Edwardian period. But as it’s quite long to read, I decided to cut this article in 3 articles : one per grand lady. They worth it after all !
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Madeleine Pelletier
Comme vous pouvez le voir, elle piétinait allègrement les conventions sociales ! Cheveux courts, vêtements aux coupes masculines, et même portant le pantalon. A cause de son allure, elle se fait quelques fois embêter dans la rue parisienne par des voyous quand elle est jeune, puis est embêtée (voir arrêtée) systématiquement par la police quand elle « ose » avoir une opinion militante, le pouvoir de l’époque espérant la briser par ce harcèlement constant. Il faut dire qu’elle refusait de demander sa « permission au travestissement » qui était à l’époque nécessaire pour pouvoir s’habiller en homme. Elle estimait qu’elle ne montrerait ses seins que le jour où les hommes devraient montrer leur pénis, et critiquait allègrement ce qu’elle appelait le « féminisme en dentelle », estimant qu’on ne pouvait lutter contre la domination masculine en portant des vêtements asservissants.
As you can see it, she used to walk on social conventions ! Short hair, masculine cut of clothes, and even trousers ! Because of the way she looked, she was sometimes bothered by thugs in the streets of Paris when she was young, and bothered (or arrested) more systematically by cops when she « dares » to have activist opinions, they were hoping to break her by this constant harassment. She did not wanted to ask for her « travesty permission » that was mandatory for wearing men’s clothes in France. She told that she would show her breast the day men would have to show their penis, and she was very critical with what she called the « feminism in lace », estimating it was impossible to fight against men’s domination by wearing enslaving clothes.
Ultra résumé de sa vie et de ses luttes : issue d’une famille pauvre de Paris, elle se découvre une conscience politique très jeune (13 ans), par opposition avec sa mère très bigote. Elle fréquente alors les cercles socialistes et anarchistes. Devenue orpheline avant d’être adulte, elle se remet aux études, consciente qu’elle ne peut compter que sur ce biais pour gagner une meilleure place dans la société, et devient médecin. Elle étudie l’anthropologie pour démonter les allégations de ses collègues masculins qui soutiennent que les femmes sont moins intelligentes que les hommes car leur cerveau est plus petit. Poussée à bout, elle change de domaine et veut faire le concours des internats des asiles, mais ça lui est refusé car réservé aux personnes jouissant de leurs droits politiques (les femmes en sont donc automatiquement exclues). Le journal « La Fronde » (dirigé par Marguerite Durand dont je parlerai demain) et des membres du jury du concours la soutiennent publiquement, elle peut enfin passer le concours l’année suivante, et devient la première femme médecin française diplômée en psychiatrie en 1906. Elle est initiée franc-maçonne et prend la direction du groupe « La Solidarité des Femmes » cette même année. Elle devient présidente de la « Section Française de l’Internationale Ouvrière » en 1909. Elle écrit beaucoup : journaux, revues scientifiques, essais, romans et pièces de théâtre. Elle lutte assez activement contre l’institution de la « famille » et en faveur de l’avortement ainsi que de l’éducation sexuelle pour les femmes, ce qui lui vaut par la suite beaucoup de déboires au sein même de ses propres groupes. Elle travaille pour la Croix Rouge pendant la première guerre, et se revendique antimilitariste à la fin de cette dernière. Devenue communiste, elle déchante suite à une visite clandestine en Russie, et revient du côté des anarchistes (tout en restant communiste) et en continuant de condamner la violence et la terreur. Elle combat très tôt le fascisme, et ne cessera jamais son combat féministe. Elle est accusée d’avoir pratiqué un avortement en 1933, mais est déclarée innocente. Elle devient hémiplégique en 1937 suite à un AVC et sombre dans la misère (car elle n’a personne pour prendre soin d’elle, et il n’existe pas de pension qu’elle puisse demander pour survivre), ce qui l’oblige à vivre des dons de ses cercles d’amis. Elle est de nouveau accusée d’avoir pratiqué l’avortement d’une jeune fille de 13 ans violée par son frère en 1939 : le tribunal la déclare innocente car sa paralysie l’empêche de pouvoir faire ce qui lui est reproché mais la déclare quand même (** sortez votre sac à vomi **) « un danger pour elle-même, pour autrui et pour l’ordre public » et la condamne à l’asile. Elle y meurt à la fin de l’année.
Ultra quick summary of her life : she was from a poor family in Paris, she discovers her own political awareness very early (13 years old), in contrast of her mother’s bigotry. She is part of socialistic and anarchistic circles. She is orphan before being an adult, and goes back to school, aware that she will only be able to rise in the society thanks to education, and becomes a doctor. She studies anthropology to undermine her male colleagues ideas that worked to show that men were smarter than women : they thought that intelligence was linked to the brain size, and that wormen were less intelligent than men because their brains were smaller. She gives up, and starts to study psychiatry. But she cannot pass the exam because studients had to have their whole political rights (and as women had no rights, they were excluded). The newspaper » the Frond » (ruled by Marguerite Durand, the woman I would talk about tomorrow) and some members of the exam’s jury help her and this unfair rule is taken down, she becomes the first woman psychiatrist in France in 1906. She becomes freemason and rules the feminist group « The Solidarity of Women » that very same year. She too becomes the ruler of the « French Section of the Labour International » group in 1909. She writes au lot : newspapers, scientific journals, essays, novels, theatre plays. She struggles against the « family » as a french establishment, for the right to abort for women and to have a sexual education, but it puts her in many troubles, even with her own groups. She works for the Red Cross during WWI and comes back with strong anti-militarist opinions. She became a communist, but is disillusioned when she goes clandestinaly in Russia, and goes back on the anarchistic side, but keeps being a comunist and being against violence and terror. She fights against fascism very soon, and will never stop being an activist for women rights. She is accused of practising an abortion in 1933, but is found not guilty. She becomes hemiplegic in 1937 after a stroke and runs out of money (as she was all by herself, and France had no health pensions in those days), she then have to beg for money in her political circles. She is again accused of practising the abortion for a 13 years old girl raped by her own brother in 1939 but is cleared because her paralysis would not allow her to do anything but the « justice » court (** draw your vomit bag ! **) puts her in an asylum because she is declared to be » a danger for herself, for others and for social order « . She is innocent, but is punished. She dies at the end of the year.
Une citation parmi tant d’autres : « Je suis née plusieurs siècles trop tôt ».
One quote amongst others : « I am born several centuries to soon ».
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Rendez-vous demain pour le second portrait d’une féministe de la Belle Epoque, Marguerite Durand !
See you tomorrow for the portrait of an other feminist during the Edwardian period, Marguerite Durand !
Bravo, madame ! Quelle triste fin de vie….
Merci pour la découverte de cette femme.