To english readers : Today I’ll give some tips for french people who wants to change their lives and quit their jobs to become a designer or a costumer. Sorry, it will be only for french people as it’s very particular in my country…
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Aujourd’hui pas de photos ni de mode, je vais répondre à la petite centaine de personnes qui m’ont demandé des conseils parce qu’ils ont envie de tout plaquer pour vivre de leur passion “artistique” comme j’ai pu le faire. Et puisque j’ai fait à peu près toutes les erreurs qu’on puisse imaginer, voici quelques calculs à faire avant de vous lancer. Car il ne faut jamais oublier que la banqueroute, la dépression, le suicide, le divorce et la solitude sont le lot de la plupart des entrepreneurs pour la simple raison qu’ils font partie des règles du jeu et que les temps sont durs, surtout dans les milieux artistiques. 
 
Certains s’en sortent très bien, oui, oui, ça arrive, mais c’est rare, il faut en être conscient et mettre toutes les chances de votre côté ! Pardonnez mon ton ironique dans les paragraphes ci-dessous mais dites-vous que je veux seulement vous donner un maximum d’outils pour que votre rêve devienne réalité et ne tourne pas au cauchemar. Si vous êtes prêt à l’approche d’un problème alors vous pourrez plus facilement le déjouer, ou transformer un échec en atout.
N’oubliez pas que je ne suis personne et que si j’avais la recette magique je commencerais à me l’appliquer à moi-même, donc prenez ces conseils pour ce qu’ils sont : des conseils. Je pourrais écrire une encyclopédie sur les choses à ne pas faire à bien y réfléchir mais je vais tenter d’être concise. Je vais être le pendant de ceux qui vous disent de foncer (pôle-emploi, votre entourage…) et surtout des sites internet qui vous vendent que “la réussite c’est simple”. J‘aurais aussi tendance à vous conseiller de vous méfier toujours des gens trop positifs : notre société est une devenue un temple de l’apparence, alors prenez toujours le temps de fouiller, de gratter et poser les questions qui fâchent, passez outre le vernis de la réussite et du succès. Ayez l’esprit critique, réfléchissez à long terme et n’écoutez pas le chant des sirènes. Et surtout comparez ce qui est comparable car votre vie et vous-même êtes uniques.
 
Contrairement à beaucoup de sites & blogs sur le sujet, je ne vous donnerai pas vraiment de conseils “basiques” car chaque cas est différent, c’est la raison pour laquelle vous devez faire vos calculs selon votre situation.
Le calcul que je vais vous faire-faire est casse-pied, mais si vous n’avez pas le courage de le faire parce que “les chiffres ce n’est pas votre truc” alors abandonnez de suite votre projet de tout plaquer et restez salarié(e), je viens de vous faire gagner plusieurs années et quelques milliers d’euros.
Si pour certains calculs il y a plusieurs possibilités alors prenez toujours le scénario le plus en votre défaveur. Exemples : vous pensez que vos fournitures oscilleront entre 200 et 800€ ? alors comptez 800€, vous pensez que vos ventes vous rapporteront entre 300 et 500€ ? alors comptez 300€. D’expérience vous aurez plus de malchance et de dépenses imprévues que de “coups de bol” (le chauffe-eau qui vous lâche, un impôt que vous aurez oublié de prendre en compte, une météo calamiteuse qui garde vos clients bien au chaud chez eux, etc.).
 
1/ Trouvez l’idée et renseignez-vous
Définissez votre idée : vous voulez créer des costumes ? des chapeaux ? des bijoux ? qu’est-ce que vous auriez de plus que ce qui existe déjà ? Puis allez écumer internet pour trouver ceux qui ont le mieux réussi dans ces domaines : c’est eux qu’il faut aller questionner et dont il faut étudier le business-plan. Regardez si vous avez de la place pour vous positionner, s’il y a une véritable clientèle, quels sont leurs prix, s’ils réussissent à en vivre, etc. Pour la petite histoire, j’ai régulièrement des gens qui me disent “je vais faire ça” alors qu’ils ne connaissent pas du tout le milieu, ils ne savent pas que c’est un milieu 100% associatif par exemple ! Comment être compétitif alors que vos concurrents ne paient pas de taxes ? 
Surtout, n’écoutez pas vos proches qui vous disent “mais tu devrais te lancer, ça marcherait super bien !”. STOP ! INTERDICTION D’Y CROIRE ! Ces gens vous aiment et vous faites sans doute des choses superbes, mais ce ne sont pas vos futurs clients. Ce ne sont pas eux qui passeront des nuits blanches à réfléchir à comment éviter la venue des huissiers quand vous devrez des milliers d’euros au RSI, c’est vous qui serez seul devant le risque et l’échec.
 
2/ Quels sont vos besoins ?
Il y a quelques mois j’ai lu un blog où une personne disait à quel point elle vivait bien du fruit de son travail et où elle encourageait tout le monde à devenir blogueur pour vivre sa vie de rêve. J’ai gratté un peu pour savoir combien elle gagnait par mois et combien elle devait gagner pour en vivre. Réponse : elle a un mari qui gagne très bien sa vie, ce qu’elle gagne c’est de l’argent de poche en réalité. Donc peu importe combien elle gagne chaque mois, c’est du bonus, son conseil sympathique tourne donc au projet criminel sachant ce fait ! Les conseils c’est donc bien, mais il vous faut des chiffres, du concret, pour construire votre projet.
Conclusion : si vous vous n’avez pas besoin d’argent pour vivre alors “oui”, ne vous posez pas trop de questions, à part votre mise de départ et quelques milliers d’euros vous ne risquez pas grand chose. 
Si par contre vous avez besoin d’argent pour vivre alors double méfiance car vous pourriez tout perdre en tentant votre chance. Il faut faire un point précis sur vos besoins annuels. N’oubliez aucune dépense qui vous paraisse essentielle à votre vie : nourriture, loyer, moyens de transport, prêts en cours, chauffage, santé, cadeaux de noël, etc. Car croire que changer de carrière résoudrait tout c’est se leurrer, ce que vous voulez réellement c’est gagner en qualité de vie et vous épanouir, alors sachez ne rien perdre de ce que vous avez déjà.
 Pour la suite du calcul imaginons que 1000€ est la somme qu’il vous faut par mois pour vivre “correctement”.
 
3/ Aurez-vous d’autres besoins liés à votre activité ?
Avez-vous besoin de fournitures (ex. tissus, mercerie, etc.) ? Avez-vous besoin de machines (ex. machines à coudre, à œillets, etc.) ? Avez-vous besoin d’un local pour stocker ou d’un atelier, pensé au loyer, aux assurances, au prix des extincteurs à l’électricité, au chauffage ? Si vous comptez faire des marchés, avez-vous compté la voiture et l’essence, le parking ? Voilà, vous additionnez le tout avec vos besoins annuels propres.
Imaginons, que ça s’élève à 200€/mois.
Il faut donc 1000€ + 200€ par mois au minimum pour que votre rêve ne tourne pas au cauchemar.
 
4/ Avez-vous les moyens de votre rêve ?
Il faut en moyenne 2 ans pour qu’une société soit rentable. Ne vous dites pas “oui, mais moi ça marchera plus vite” ou “on verra au fur et à mesure”, non, ça ne fonctionne pas comme ça. Il vous faut 24 mois d’argent de côté pour éviter que la situation ne dérape, et ce dérapage peut arriver très vite surtout dans un pays où l’inertie du système est lent, trèèèèès lent.
Voilà, il vous faut donc 1200 x 24 = 28 800€ avant de vous lancer. 
Sans ça, ne faites rien car ce serait trop risqué.
Si vous n’avez pas cette somme alors il vous faut la trouver. La première idée c’est de contracter un prêt bancaire : ne faites surtout pas ça vu la situation économique actuelle, ce serait suicidaire. Mieux vaut emprunter de l’argent à vos proches. Une de mes stagiaires m’a dit un jour “oui, mais si je leur emprunte de l’argent et que finalement je ne peux pas les rembourser ?”, et bien dites-vous que ce sera moins grave que si vous n’arrivez pas à rembourser votre banque. Vous pourrez toujours discuter avec un proche, établir un nouveau plan de remboursement ou le faire patienter, alors qu’avec la banque c’est peu probable, elle est là pour encaisser de l’argent et vous mettra bien plus dans la m***e que vous ne l’êtes déjà. Par contre, prévenez bien vos proches que le remboursement peut être décalé si vous n’y arrivez pas histoire qu’eux mêmes ne se mettent pas dans la m***e pour vous. Exemple : une amie enceinte vous propose de l’argent mais vous devez la rembourser dans moins de 6 mois absolument car elle aura besoin de cet argent pour le bébé, dans ce cas n’empruntez pas son argent, c’est le risque de briser votre amitié pour de bon malgré toute votre bonne volonté ou d’empirer votre situation (et la sienne !).
NB : n’oubliez pas de signer une reconnaissance de dette et de faire la déclaration aux impôts du prêt. Et ne tablez pas sur les aides de l’état, même si vous en avez, elles ne doivent pas entrer dans votre calcul car elles sont plutôt anecdotiques. Idem pour les avancées sociales de notre pays (santé, chômage, sécurité de l’emploi), dites-leur adieu : une fois patron, elles ne sont plus pour vous.
 
5/ Seul au monde
Adieu vie de famille. Adieu vie sociale. Quant à celui qui vous dit “oui, mais moi je vais réussir à jongler avec tout ça”, tapotez-lui gentiment la tête et espérez que le retour à la réalité ne sera pas trop difficile pour lui. En tout cas c’est trop mignon cette naïveté !
Conjoint. Est-il(elle) prêt(e) à ne plus trop vous croiser pendant quelques années ? Votre couple est-il assez fort pour survivre à ça ? N’avez-vous pas déjà des problèmes ?  Posez-vous ENSEMBLE ces questions, n’y répondez pas pour deux. Associez-le(la) un maximum à votre projet et mettez-vous d’accord avant de vous lancer sur ce qui va être le plus important dans les 2 premières années de votre boite : votre couple ou votre business ? Car si c’est votre couple soyez prêt à ce que votre conjoint puisse dire STOP à votre place malgré le succès de votre entreprise, simplement parce que vous êtes en train de transformer sa vie en cauchemar pour vivre votre rêve à vous. Ne lui en voudrez-vous pas s’il vous fait arrêter en plein élan ?
Enfants. Avec eux vous ne pourrez pas transiger ni discuter, ils vous en voudront peut-être un jour de leur avoir fait croire que votre boulot était plus important qu’eux là où vous estimiez bosser pour leur construire un plus bel avenir.
Amis. Ooooooooh, vaste sujet. Déjà il y a les amis qui voudront se lancer avec vous : personnellement je n’y crois plus. Dès qu’il y a de l’argent en jeu les personnalités changent, rappelez-vous les héritages où même des frères et sœurs se déchirent au moment du partage, parfois poussés par leur conjoints ou leurs familles. Là tout de suite c’est l’associé idéal. Mais que ce passera-t-il le jour où il tombera amoureux et vous laissera vous taper tout le boulot parce que son chéri sera sa nouvelle priorité ? Quand vous partagerez les bénéfices en deux alors que vous bossez 20h/jour le prendrez-vous encore avec le sourire ? Fixez des règles du jeu, protégez-vos intérêts un maximum et préparez-vous au clash (car il aura lieu à un moment donné, mais avec un peu de chances il n’y aura pas de conséquences fâcheuses -je l’espère pour vous-).
Ensuite il y a les amis autour de vous. Sachez que vous risquez d’en perdre beaucoup car ils n’accepteront peut-être pas que votre RDV mensuel devienne annuel parce que lorsque vous direz “je n’ai pas le temps” eux comprendront “j’ai plus important à faire que de te voir” là où vous vouliez dire “je n’arriverai pas à manger la semaine prochaine si je prend le luxe de ne pas travailler tous les soirs”. Ensuite, vous n’aurez peut-être plus grand chose à vous dire. Et oui, vous entendre râler à propos des charges ou d’impayés c’est sympa deux minutes, mais vous entendre boucler là-dessus va vite les faire fuir, surtout si pour eux vous êtes irrémédiablement passé à l’ennemi, ce salopard de patronat. Vu de l’extérieur ça semble complètement exagéré, mais je vous assure qu’en France chefs d’entreprise et salariés ne vivent plus dans le même monde, ils ne parlent plus la même langue et ne peuvent pas se comprendre. Ce n’est pas pour rien qu’il y a des clubs d’écoute entre entrepreneurs ! Alors si vous voulez garder vos amis et bien taisez-vous sur ce qui vous ronge vraiment, gardez vos problèmes pour les oreilles de personnes capables de les comprendre et de vous conseiller. Avec eux focalisez-vous sur les autres choses et ne parlez pas trop de votre boite, vous les garderez plus facilement ! (et vous ne vous énerverez plus dans le vide une fois que vous aurez accepté cet état de fait).
 
6/ Être prêt à l’échec
C’est culturel chez nous, et c’est agavé par l’inertie du système ainsi que la pression des banques : si vous vous plantez il vous faudra sans doute des années pour vous remettre financièrement et psychologiquement. Alors que vos amis vous diront “au moins tu as essayé !” préparez-vous à lire dans leurs yeux “espèce de raté, ça t’apprendra à vouloir faire autrement que les autres” (et certains vous le diront sans doute de vive-voix). Donc pour limiter les dégâts il faut savoir s’arrêter. Parfois il ne sert à rien de s’acharner, c’est comme appeler du secours en plein milieu du désert. D’où la nécessité d’avoir une vision à long terme de votre situation et un maximum de “plans B”.
 
***
Voilà pour les vérifications de base à faire avant toute prise de décision, parce que malheureusement aujourd’hui le talent, le travail ou la chance ne suffisent plus pour réussir ! Si vous avez l’argent et êtes conscient des conséquences possibles alors la réponse est “oui, vous êtes prêt à vous lancer”. Pour les autres “tout plaquer” n’est pas la solution à l’heure actuelle, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il faut oublier vos rêves, mais ça nous le verrons lors du prochain article ! Il y sera question de business plan, de statut juridique et de calcul de prix.
 
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19 comments

  1. Ne pas oublier non plus que ce qui passionne tant que c'est un loisir peut devenir pesant quand c'est quotidien et obligatoire…

    On peut aimer faire des tartes, mais si il faut en faire 100 par jour, ce n'est plus la même chose…

  2. Merci beaucoup Fanny pour le retour d'expérience, c'est vraiment super enrichissant. En te lisant je me souvenais de cette phrase : "Les conseilleurs ne sont pas les payeurs", je pense que c'est là que ça s'applique le mieux !
    Sinon il y a aussi les Business Angels, je ne sais pas ce que ça vaut en vrai, mais j'en ai rencontré pas mal en Ecole de Commerce, qui venaient nous parler des difficultés (et des joies, dans cet ordre) de monter sa boite. Ils donnent des conseils sur le business plan, les stratégies, les financements possibles, je crois que certains financent aussi parfois des projets. Ca permet aussi je pense d'avoir un avis "dépassionné", parce que c'est sûr que les proches, ils croient en toi et veulent te soutenir. Les gens "du milieu", ça les fait rêver donc ils t'encouragent, mais ce ne sont pas eux qui prennent les risques.
    En tout cas, c'est vraiment super d'en faire un bilan, et de le faire partager. Bon courage pour la suite, j'ai vu qu'on pouvait te soutenir, j'y vais de ce pas 🙂

  3. Votre article me laisse un sentiment indéfinissable. On sent dans vos propos toute la tristesse, la colère, l'amertume de votre échec . Oui, les conseils sont toujours bon à prendre et c'est bien de faire ce bilan à postériori qui peut aider. Mais, j'espère que vous arriverez à rebondir après cette expérience malheureuse. Marie40

  4. Bonjour Marie !
    Noooon, il y a encore 6 mois oui, beaucoup. Mais au contraire aujourd'hui j'ai du recul, et je suis même en train de monter "Temps d'élégance version 3.0" 😀 C'est simplement que si j'avais su tout ça AVANT de monter ma boite j'aurais fait pas mal de choses différemment. Enfin je pense (car je suis trèèèèèèèèèèèèèèès têtue et du genre à dire "oui, mais ça c'est pour les autres, moi ça va aller" **je suis navrante** )

  5. perso, j'ai toujours poussé les gens à se lancer, mais en expliquant bien les galères et en précisant que ça vaut mieux en activé supplémentaire…Surtout pas en alimentaire, car la passion ne suffit plus, faut créer de la merde pur bouffer, on y perd son âme. Mais j'adore encourager les gens à se lancer, car moi-même, mm si je n'ai JAMAIS réussi à vivre de la création de bijoux en 5 ans, j'ai fait des rencontres et vécus des choses formidables tout ce temps =) mais je galérais financièrement. ET j'ai failli ruier mon couple. Mais j'étais heureuuuuuuse. En fait, j'étais égoïste hum….on ne m'y reprendra plus. Maintenant c'est taf salarié + de la créa pas cher (ben ouai les gens veulent du pas cher, alors je vais leur en donner) et du blogging

  6. Excellent article qui recadre bien les choses. J'ajouterai que la solitude est autre aspect à ne pas négliger. Solitude sociale, mais aussi solitude dans les décisions face aux conseils contradictoires (comptable de la CCI et comptable privé par exemple), solitude dans les tâtonnements pour connaître les process transversaux que l'on ne.connaît pas forcément à la base: communication, marketing, publicité, comptabilité, gestion, partenariats etc… qui s'ajoutent à notre coeur de métier.

    Sans parler de l'administration pesante et stressante qui se fait payer avant même que le chef d'entreprise ne se verse lui même un seul euro (RSI de 5000€ la première année…non annoncé à ce niveau par le comptable, taxe de 556€ pour utiliser mon ordinateur perso sur mon bureau perso en guise taxe foncière des entreprises).

    J'adore ce que je fais mais l'entreprenariat français laisse un goût amer.
    Mais dynamisant s'il ne nous casse pas, et.nous force à développer de.nouveaux projets pour nous maintenir à flot.

  7. Excellent témoignage
    Il me semble cependant que les ”besoins liés à l’activité” sont sous-estimés car il est impossible de s’équiper, acheter ses matières premières, faire fonctionner un atelier et vendre pour 200 euros par mois.
    Atelier seul ou atelier/boutique : il faut l’aménager, le chauffer, l’assurer, payer le loyer… Si on accueille du public (stages, animations enfants) il faut que tout soit fonctionnel et impeccable, on ne peut pas se contenter d’un bout de hangar ou d’un local trop petit.
    Si on se déplace à l’extérieur (indispensable pour se faire connaître même quand on a sa boutique), il faut un beau stand (ou acheter les matériaux pour le faire soi même). Pas question de lésiner : il doit être à la fois léger, pliable, très solide et esthétique : se contenter de trois tréteaux et un bout de tissu, c’est dévaloriser ses créations et donner une image médiocre qui n’attirera pas les clients.
    Le stand doit aussi être très bien éclairé, avec des spots puissants et fixés de façon à ne pas éblouir les visiteurs, munis d’ampoules adaptées (lumière blanche). Dans une salle sombre ou sous un barnum, ou de nuit en plein air, ce sont les stands les mieux éclairés qui attirent et retiennent les visiteurs. Ceux-ci vont instinctivement vers la lumière, comme les papillons, et ne s’arrêtent pas sur les stands non éclairés. Il faut y mettre le prix car tout ce matériel coûte cher.
    Enfin, il y a bien sûr beaucoup de petits marchés associatifs où l’emplacement est modique et où il est facile d’exposer sans avoir à affronter une sélection drastique. Mais ce n’est pas forcément une bonne stratégie de n’aller exposer que sur ces marchés même s’ils affichent des centaines de visiteurs (ceux-ci peuvent être en grande majorité des promeneurs qui n’ont aucune intention de débourser un seul centime). Mieux vaut viser les événements plus importants, par exemple les salons d’artisanat. Les salons organisés avec soin, et une bonne communication, attirent généralement un public fidèle et vraiment motivé, avec davantage d’acheteurs potentiels. Mais là, les emplacements sont évidemment vendus beaucoup plus cher, cela peut aller de 300 à 700 euros ou plus. Les tarifs sont très variables, parfois totalement prohibitifs (il faut être vigilant à ne pas se faire avoir !). Ajoutez les frais d’essence (la tendance actuelle est l’obligation de se déplacer de plus en plus loin et de plus en plus souvent pour essayer de vendre) plus les frais d’hébergement, le résultat est qu’un simple week-end peut vite monter à plusieurs centaines d’euros.

    1. En effet, j’ai mis “la base de la base” : c’était pour mettre un petit coup de massue pour rappeler aux futurs entrepreneurs la dure réalité, mais je n’ai pas eu le courage de mettre toute la réalité pour éviter de trop démoraliser les gens… Genre, j’ai évité de trop parler des arnaques légalisées telles que le RSI ou certaines taxes locales aussi. 😀

      1. Je comprends, c’est impossible de toutes façons de tout détailler, les parcours sont trop divers. Comme vous le dites très justement, certains s’en sortent bien, d’autres moins, d’autres pas du tout, et il n’y a pas de recette magique. Une seule certitude, tous travaillent d’arrache-pied, ne comptent pas leurs heures et jonglent avec des tâches multiples (en plus de leur travail de création). Il faut être un peu sur tous les fronts. Ne parlons même pas des imbroglios juridiques ou fiscaux (j’ai bataillé deux ans pour que les impôts arrêtent enfin de me réclamer la cotisation foncière). Tout ça, ce sont des à-côtés qui prennent beaucoup de temps et d’énergie. Si on a la chance d’avoir un conjoint qui donne un coup de main (vente, photos, courriers administratifs, menuiserie pour le stand, etc) c’est précieux ! Vous avez très bien décrit l’importance de l’entourage. Côté chiffres et calculs, certains estiment qu’un salon ou marché est rentable à partir du moment où le chiffre d’affaire = la totalité des frais engagés X 3, d’autres multiplient par 5… A chacun selon ses attentes de situer le seuil qui permet de dire : ”là, ça valait le coup”.

  8. merci pour ce beau résumé: Je suis auto entrepreneuse,créations de couture, et après 2 ans de survie, ej vais baisser les armes…trop dénergie dépensée pour pas grand chose, beaucoup plus de negatifs que de positifs, plus vriament le plaisir de coudre, ja i besoin de revenir à l essentiel me faire plaisir avant de faire plaisir aux autres qui sont au final très exigeants, même ses prores amis…

    1. Bonjour,
      Je suis navrée pour vous :'( Quelques années plus tard je suis persuadée que notre métier ne peut plus exister en 2017 en France, il n’est pas compatible avec notre économie, tout simplement…
      Un dernier conseil : ne prenez pas ce qui vous est arrivé comme étant un échec, les échecs ça n’existe pas ! C’est une expérience riche d’enseignements. Maintenant vous savez et vous allez pouvoir recommencer autre chose. Il va sans doute vous falloir un peu de temps de “deuil” par rapport à votre beau projet, donc prenez ce temps, c’est important aussi (moi il m’a fallu 2 ans avant de retrouver le plaisir de créer).
      Amitiés,
      Fanny

  9. Bonjour,
    Ayant été à mon compte pendant onze ans en nom propre, votre article résume exactement mon sentiment. J’avais un commerce qui marchait très bien et j’avais une très bonne réputation dans ma petite ville. Mon chiffre d’affaire était plus que correct. Je suis redevenu salarié en 2000 et je m’en félicite aujourd’hui. La France est est un pays qui tue l’initiative et qui n’aime pas les esprits indépendants. Tout est fait pour ne rien nous laisser de notre travail. Au bout de 7 ans de commerce (50h par semaine), je gagnais moins que mon beau-frère ouvrier dans une usine (35h par semaine). Je me suis donc, à l’époque, posé la question : Est-ce que ça vaut le coup ? Après avoir tout pesé, la réponse était évidente : NON ! J’étais encore jeune et je me suis reconverti. Redevenu salarié, la pression est retombée, le stress s’en est allé, j’ai profité de ma famille.
    Je veux vous préciser que je suis fils de commerçant et que pour moi, il était évident que j’allais le rester toute ma vie, c’était une grave erreur que je n’ai pas commise heureusement. J’ai revendu mon entreprise à un prix raisonnable à une personne intelligente qui a su la faire évoluer très rapidement, à tel point qu’elle l’a revendue 5 fois le prix acheté au bout de trois ans. Magnifique me direz vous ! Oui magnifique, son acheteur a tenu un an, a fait faillite et s’est suicidé ! Il n’avait pas compris que le chiffre d’affaire n’est pas le revenu.
    De plus faites toujours attention, il est facile d’avoir son entreprise si votre conjoint a un gros salaire, ou si vous êtes un héritier, mais quand il faut en vivre totalement, c’est bien différent !
    Aujourd’ hui, très souvent j’ai des idées pour repartir, mais une petite voix me dit :” Tu sais ce qui t’attend !”
    Alors, peut-être, à l’aube de ma retraite, reprendrais je une petite affaire mais si je le fais, c’est que je n’aurais plus besoin de ça pour vivre.

    1. Bonjour Christian,
      (désolée, je ne vois votre message que maintenant :'( )
      Tout ce que vous me dites m’est étrangement familier aussi. Vous avez fait la chose la plus sage qui soit, bravo d’avoir su rebondir et d’avoir redressé la barre en tout cas !
      Il faut en effet n’avoir pas besoin d’argent (et même en avoir beaucoup trop…), sauf à être 100% dans le service (donc sans aucun matériel et très peu de charges) ou à revendre des choses fabriquées pour rien de l’autre côté du monde (là où le coût humain et environnemental ne sont pas facturés). Je ne suis en activité que depuis 2012 mais beaucoup m’ont dit que c’est encore pire depuis la crise…
      Après il reste toujours l’option de l’associatif quitte à ne rien gagner : au moins vous ne perdrez rien. Il faut faire attention de ne pas casser le marché ni à ne pas faire de concurrence déloyale pour les pauvres personnes qui continuent à se battre, mais c’est moins risqué. Je pense notamment à la sécurité sociale, car à la retraite c’est un moment où on en a beaucoup besoin et le risque serait de perdre vos droits parce que vous faites une activité “en plus”…
      Bon courage à vous dans tous les cas !
      Fanny

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