Je reprends enfin la plume en cette fin d’année pour parler films ! Vous avez été nombreux à me demander de vous parler de « Mademoiselle de Joncquières », un film français sorti en septembre 2018 et inspiré d’un écrit de 1784 par Denis Diderot. Alors c’est parti !
Many of my french readers asked me to write about « Mademoiselle de Joncquières », a french movie that could be seen last september and inspired by a 1784 text from Denis Diderot. Let’s go !
Je vais commencer par parler rapidement du film lui-même : sympathique et assez rafraîchissant, bien que gentillet et assez prévisible… J’avoue beaucoup aimer les acteurs (Edouard Baer -toujours égal à lui-même-, Cécile de France -qu’on ne voit pas assez- et Laure Calamy -qui mérite d’être plus connue-) donc ça aide à passer un bon moment même s’il y a pas mal de lenteurs.
I am going to speak quickly about the movie itself : nice, and quite refreshing, but too predictable and naive. I must admit that I like the actors very much and that it helped me to spend a good moment even if there was some dull moments.
Costumes Masculins / Men Costumes
Bon, déjà : Edouard, la barbe ! Vraiment ? On a bien compris que le personnage est extravagant et vit un peu comme il l’entend, c’est précisé plusieurs fois pendant le film. Mais la barbe ce n’est pas très historique puisque c’était réservé aux personnes liées à l’armée et aux banquiers juifs, et le personnage semble n’être ni l’un ni l’autre.
A beard ! Really ? The character is extravagant and lives freely without carring about what the other people are thinking about him, it’s told several times during the movie. But a beard is not really accurate because it was only for soldiers or jewish bankers during the 18th century, and the character seems none of them.
Côté vêtements, c’est du travail très soigné, mais totalement démodé pour les années 1780. Le costumier (Pierre-Jean Larroque) a opté pour des silhouettes évoquant le 18e siècle dans l’esprit des spectateurs, sans trop se soucier de l’historicité des costumes. C’est beau, mais c’est du Louis XV, le roi précédent.
About the clothes : it’s a neat work, but totaly old-fashioned for the years 1780’s. The costumer (Pierre-Jean Larroque) seems to have chosen 18th century silhouettes in the spectators’ minds, without any care about the accuracy of costumes. It’s beautiful, but it’s Louis XV, the former king’s period.
Costumes féminins / Women costumes
Là encore c’est un boulot très propre, avec pas mal de costumes et de couleurs. Mais tous sont fait avec le même patron. Il y a pas mal de robes à l’anglaise et de robes à la française, toutes avec le même patron, donc avec ce plastron assez démodé (plutôt Louis XV). Disons que ce sont de très jolis costumes de scène, plutôt historiques. Mais nous ne sommes pas sur un niveau « reconstitution ».
It’s again a very neat work, with a lot of costumes and colors. But all are made with the same pattern. There is several « robes à l’anglaise » and « robes à la française » (back sacq gowns), all with the same pattern, so with the out-fashioned breastplate that would be more Louis XV. Let’s say it’s very nice stage costumes, quite accurate, but not 100% accurate.
Par contre le costumier s’est assis sur l’un des grands concepts de l’histoire du costume : tissus unis sur grande robe = déco dessus. Là c’est… vide. Et ça manque vraiment, on dirait que les robes ne sont pas finies. Le metteur en scène dit : « Nous voulions une image épurée de fioritures, et qui ne sente pas la poussière, le vieux, le temps passé. Nous voulions un temps tout neuf au contraire, des lignes claires. Si la fin du 18ème est la fin de l’ancien régime, c’est une époque pleine de vitalité, d’invention constante, avec le pressentiment qu’un nouveau monde arrive. ». Quel dommage d’avoir essayé de refaire quelque chose que l’histoire avait déjà fait, et en mieux ! Car la mode sous Louis XVI c’est exactement ça !
The costumer threw away one of the big rules in historical fashion : plain fabric on a big dress = decoration on it. Here it’s… empty. And it’s really missing, it seems that the dresses are not finished. The director says » We wanted a picture purified from frills, that would not smell dust, old, the past. We wanted new times on the contrary, it’s a period full of vitality, of constant creation, with the feeling that a new world is coming ». Too bad they tried to make again something that history already made, and better ! Because the fashion under Louis XVI’s reign is exactly that !
Bon, et puis les petits tricornes avec les robes… Pitié, non !
Well, and about small tricorn hats with dresses… Please, don’t do that !
Côté coiffures, il y a une volonté de faire du « pas histo » avec des chignons assez modernes (et à la « Angélique, Marquise des Anges » pour le personnage principal). Heureusement, l’amie de Madame est la seule à avoir la bonne coiffure ! (et une coiffure très réussie, comme vous pouvez le voir ci-dessous).
About hairstyles, it seems they did not want to make any accurate styles with their 20th century buns. Fortunatly, Madame’s friend is there with the right hairstyle ! (and a good hairstyle, as you can see it below).
Conclusion
C’était un projet ambitieux côté costumes (déjà parce que ça coûte très cher, c’est pour ça qu’on en voit peu !), plutôt réussi malgré des choix discutables sur les détails : costumes avec 30 ans de retard, utilisation d’un même patron pour toutes les robes, absence de décorations… Pourtant, ils sont d’une qualité assez supérieure à tout ce qui s’est fait en terme de films en costumes 18e ces dernières années en Europe, jusqu’à… « Un peuple et son Roi » (et hop, là je tease mon prochain article ! :-p ).
It was an ambitious historical project (because it’s very expensive, that’s why we see so few of them !). And it’s quite a success in spite of questionable choices about details : out-dated costumes (30 years late), the same pattern for all dresses, lack of decorations… Still, their quality is higher than all that has been done last years in European 18th century movies, until… « Un peuple et son Roi » (Whoops, I tease my next article ! :-p ).
EDIT du 30/12/2018 : Un lecteur, François D., m’a fait part de son étonnement à la lecture de l’article car pour lui le film se passe sous Louis XV. Et… peut-être a-t-il raison ! J’avoue ne pas y avoir songé une seule seconde car à part une partie de la garde-robe du personnage principal tout est plutôt d’inspiration Louis XVI. Voilà qui a le mérite de relancer les débats ! (de la problématique de faire du « + ou – 40 ans » sur du costume d’époque, même si la date n’a sans doute pas d’importance pour le film lui-même). En tout cas, merci à François pour cette remarque !
EDIT (12.30.2018) : A reader, François D., told me he was surprised when he read this article because for him this movie is during Louis XV’s reign. And… Maybe he is right ! I did not think about that for a second because 80% of the costumes are based on Louis XVI’s reign, only the male main character has bigpart of his wardrobe dating from this period. It’s quite interesting ! (and shows how making costumes dating from « more or less 40 years » on period movies can be a problem, even if the period itself might not be important in this movie). Thanks to François for his message !
Welcome back! Et vivement le post sur « Un peuple et son roi » 🙂
Superbe article à l’image du film…
A propos de l’époque où se passe l’histoire, incluse dans celle de Jacques le Fataliste :
» La seule indication temporelle dans toute l’œuvre est au début, elle situe l’action en 1765, vingt ans après la bataille de Fontenoy, mais cette indication n’a rien de définitif puisqu’elle est suivie de nombreuses incohérences. »
Bonjour Fanny,
J’ai une question à propos des tricornes :
si j’ai bien compris, les femmes n’en portaient pas du tout au 18ème siècle ?
En coiffer les têtes féminines serait donc une « invention » du début du 20ème s. ?