J’ai dernièrement fait l’acquisition d’un mignon petit porte-monnaie à motifs cachemire (qui a besoin d’un bon nettoyage), muni d’une petite boucle afin de pouvoir le pendre à une châtelaine et rebrodé de perles (typique de la fin du 19e siècle). Mais ce petit carré d’étoffe a sans aucun doute connu une vie très mouvementée ! Enquêtons.
Few days ago I bought a cute little purse with paisley patterns (which need to be cleaned) with a small ring for hanging it on a chatelaine and re-embroidered with black pearls (typical of the end of the 19th century). But this small of fabric may had a life full of events ! Let’s investigate.


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Le châle
Accessoire incontournable sous le 1er Empire (mais porté depuis bien plus longtemps), le châle reste important tout le 19e siècle, alors que les motifs et la taille des réserves (ces parties vides de tout dessin) varient en fonction des modes.
Shawl is a major accessory during French Napoleonic period (but worn since longer) and stays important during the whole 19th century, whereas the patterns and the size of the “réserves” (this areas free of any patterns on shawls) vary during the century.

 

 
Marquise de Sorcy de Thelusson par Jacques Louis David (1790)
Au tout début du 19e siècle un tel accessoire valait en France l’équivalent d’une voiture de luxe aujourd’hui : autant vous dire que c’était LE signe extérieur de richesse que toute dame se devait de porter en société (et c’est quand même bien plus classieux que le dernier Iphone, non ?). Et lorsque Napoléon en fit le blocus pour annihiler le commerce de luxe avec l’Angleterre honnie alors les coquettes en firent une consommation encore plus effrénée ! L’Impératrice Joséphine, grande collectionneuse de châles (vous pourrez d’ailleurs constater ici-même qu’elle porte un châle sur presque toutes ses représentations), devait rivaliser de mensonges pour faire croire à son époux que ce que le rutilant châle niché sur ses épaules était une vieille chose portée déjà mille fois (Napoléon étant très fine mouche, cela causa de nombreuses péripéties à base de descentes armées chez le couturier de la première dame de France ou de marchandise saisie à la douane pour laquelle Joséphine fut forcée de payer sur sa propre bourse une amende faramineuse sans aucun espoir de récupérer sa cargaison de contrebande !). Et pendant ce temps, dans les bals de l’Empire, mieux valait ne pas laisser traîner cet immense morceau de laine : les voleurs de châles pullulaient (et ce n’était pas forcément des gens dans le besoin !).
At the very beginning of the century this accessory used to cost a lot of money (something like the price of a luxurious sport car today) : any lady had to wear this sign of wealth (and it was smarter than the last Iphone, huh ?). And when Napoleon ordered a blockade to destroy any luxury business with the hated England, all the pretty girls needed it more than ever ! Empress Joséphine, who was a big shawl collector (you’ll can check here that she’s wearing a shawl on most of the paintings), had to find a lot of lies in order to make her husband Napoleon believing that this brand new shawl was an old rag ! (Napoléon was a fine observer so a lot of events happened like police searches in her dresses designer’s workshop or the seizure against his own wife after big customs duties). And one of the most popular sport during this days was the theft of this huge woolen piece.
Joséphine par Firmin Massot (1812)
Et puisque à l’époque le gaspillage n’existait pas, dès qu’un châle était abîmé alors on le retaillait en autre chose de plus petit : robe (comme sur le portrait ci-dessus), veste, turban, ceinture, etc. Chaque parcelle était réutilisée et un châle se réincarnait en de nombreux autres accessoires et sur plusieurs générations de dames. Vous voyez où je veux en venir ?
And as wastings did not exist in these days, as soon as a shawl was damaged then it was re-cut in something smaller : a dress (like on the portrait of Josephine just on top), jacket, turban, belt, … No fabric was lost and a shawl was reincarnated in numerous other accessories and for several generations of ladies. You see what I mean about my small purse ?
 
Madame Gaudibert par Claude Monet (1868)
Alfred Stevens (fin 19e)
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Voilà, vous savez tout… Autrefois châle et sans doute de nombreux autres accessoires, ce carré de cachemire est aujourd’hui -et depuis plus d’un siècle- un petit porte-monnaie qui a été arrangé dans le goût de l’époque (le “perlage”). De fait, je n’hésite pas à vous montrer une pièce de ma collection : une boite de châle datant du second empire. Et ils étaient bien plus forts que nous en matière d’emballage ! N’est-il pas charmant ?
Well now you know almost everything… Once a shawl and maybe other accessories, this little piece of wool is now -and since more than one century- a little purse arranged like these days fashion (see the glass beads). Oh, I too wanted to show you something else from my own collection : a shawl gift box (circa 1860). Their boxes were smarter than ours, isn’t it ?

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