Comme en ce moment je suis au chômage j’ai drastiquement réduit mes dépenses « costumes ». J’étais donc tranquillement chez moi, ouvrant mon courrier, quand je tombe sur une grosse enveloppe. Et dedans, la catastrophe : le catalogue d’exposition d’une grosse vente au enchères de costumes XVIIIe à XXe. Merci monsieur Drouot de saper mes efforts pour économiser en l’espace d’une seconde !
Et me voici donc partie (avec mon chéquier au chaud dans mon sac) dans cet endroit qui donne des suées à mon très cher époux, la salle des ventes.
Ilôt central… **bave bave bave**

 

Kimono de bal costumé, polonaise et crinoline.

 

 

Après un premier tour rapide, toute la partie « raison » du cerveau passe vite en veilleuse. Et je me penche vers les pièces qui m’intéressent… Il faut savoir qu’à Drouot ça touche, ça tire, ça palpe et ça donne des cauchemars à tout amoureux de costumes anciens. Je me dis souvent qu’après avoir survécu à ce genre de vente un costume peut être jugé « indestructible ». J’ai pu prendre quelques images des choses qui m’ont le plus marqué (et de pas mal des objets sur lesquels je lorgnais).
Robe fin XIXe siècle en velours de soie noir, corsage col montant à effet de veste à basques, manches bouffantes sur le haut, volantées au poignets. Parements brodés de jais noir, jupe simple attenante. Est. : 250/350€. Donc une très jolie robe dont voici quelques images (mais un dos assez décevant malheureusement).

 

Malheureusement difficile d’accès je n’ai pas trop pu la déshabiller…

 

Un dos plutôt « basique », qui tend à confirmer que de tout temps le velours a énervé les couturières… Et même un peu abîmé sur ses plis.
Réticule vers 1815-1820, dans un petit façonné de soie crème à semis géométrique. Partie haute souple à fermeture coulissée, à la base à soufflerts, en forme de pelta, rebrodée de motifs en acier poli de fleurettes et lauriers. Est. : 300/400€. Là je dois avouer c’est une petite merveille :

 

Gros plan sur le soufflet

 

Réunion de boucles de chaussures, une paire en métale argenté repoussé XVIIIe, onze autres boucles seules en acier poli facetté XIXe. Est. : 100/130€. Alors, je dois avouer, les boucles 18e : miam ! Ceci dit vu la taille des « trucs » on comprend mieux que ces messieurs de l’époque se plaignaient que leurs boucles leurs ouvraient profondément les chairs ! Par contre, les boucles 19e, outre d’être seules sont piquées…

 

Les boucles 18e.

 

Et les boucles 19e, pas vraiment la même taille…

 

Visite vers 1890-1900, en drap de laine noir ajouré incrusté de tulle et soutaché d’un décor végétal stylisé, col Médicis et pourtour souligné de taffetas plissé et gaze de soie bouillonnée. Est. : 150/200€. Excellent état il est vrai, surtout la soie qui a tendance à fuser si facilement.

 

 

 

De nombreuses paires de chaussures (bon, je ne vais pas les détailler) :

 

Deux paires de chaussures montantes vers 1870-1880 en satin de soie (est. 150/250€)

 

Paire de bottines montantes vers 1890 – 1900 d’après le catalogue… Mais je pense qu’il y a une petite erreur de 10-15ans sur cette estimation, elles sont clairement contemporaines de la 1ere guerre mondiale à mon avis.

 

Vers 1880.

 

Robe vers 1860 en pékin façonné soie, noir et chocolat, à dessin de guirlandes de roses et feuillage : corsage col rond boutonné devant appliqué de rubans de velours noir, jupe sur crinoline. Est. : 200/300€.

 

 

Et à gauche une robe dont je parle juste après, sublime !
Et puis beaucoup de dentelles anciennes… Mais je dois avouer n’avoir pas trop regardé car j’en ai déjà trop (surtout quand finalement on se refuse à donner un coup de ciseaux dedans).

 

 

Ensemble de fillette vers 1880, en reps bleu nuit, se composant d’une redingote à basques plissées et martingale de satin assorti. Boutons de nacre taillés, col pélerine, poinget et poches plaquées garnis de dentelle crème. Jupe courte plissée. Est. 130/160€.

 

Et puis plein d’éventails, plein plein…

(époque restauration)

 

Rester zen, rester zen.

 

Robe vers 1895, lampas fond damas noir liseré rose à dessin de rameaux fleuris japonisants. Corsage en pointe à basques crantées, col rond, manches gigot plissées. Jupe sur tournure ornée devant d’un tablier en dentelle du Puy noire et satin peau d’ange. Est. : 500/800€. Et oui, là c’est du vêtement magnifique, pas ou peu porté, idéalement conservé…

 

Et puis aussi plein de gilets 18e dans divers états de conservation :

Détail d’une poche

 

Le gilet tout entier

 

D’autres gilets dont celui de gauche a été modifié à la fin du 19e pour en faire un gilet d’amazone.
Une zolie robe du soir signée Madame Grès (est.  : 800/1300€), et là on frôle du doigt le vêtement in-lavable de très près :

 

 

La veste début XXe sur laquelle j’ai plus que bavé (mais dont je ne retrouve plus la description) :

 

Robe pour un bal travesti vers 1880-1890, kimono ouatiné en satin bleu brodé de grues et nuages en soie polychrome et filé or, des liens sont cousus à l’intérieur pour ajuster le volume de la tenue. Est. : 500/800€. Le dos (que je n’ai pas pris en photo) était amusant, recoupé pour faire un dos « tournure forme naturelle ».

 

Le fameux manchons tapissé de plumes de faisan et de canard (estimé très bas à 80/130€ alors qu’il était vendu avec 18 plumes d’autruches et une dizaine d’ailes montées !!!) qui ma rappelait celui de la princesse Mathilde :

 

 

Mon précieuuuuuuuuuuuuuux

 

Pièce d’estomac vers 1730-1740 en damas ivoire : fleuron central entouré de guirlandes de fleurs brodées en soie floche et canetille or et argent, forte usure. Est. : 50/80€. Ce qui était très amusant c’est la largeur de la « bête » ! Je n’ai plus les mesures exactes en tête mais la partie haute avoisinait les 50cm de large ! Malheureusement tout le damas a fusé et seules les broderies tiennent encore la pièce.

 

 

Le dos (parce qu’on ne voit pas assez souvent les dos je trouve !) était en tissu un peu ciré.
Une polonaise en soie vers 1780, malheureusement dans un triste état (lié à l’âge du tissu et à sa qualité initiale : il faut dire qu’on voyait quasiment à travers et qu’elle était parsemée de trous) ce qui explique l’estimation très basse (100/150€).

 

 

 

Oh, une agrafe !

 

 

Robe d’intérieur vers 1870-1880, en taffetas de soie vieil or et piqué de bourrelets, rebrodé de guirlandes de fleurs des champs et épis en soie floche. Est.  : 400/600€. Une jolie « natural form » avec son dos plissé.

 

 

Robe vers 1845-1850, façonné quadrillé soie et coton à dominante violet et gris. Corsage baleiné en pointe orné d’un rang de boutons. Fermeture agrafée dans le dos, poignets volantés. Jupe plissée sur crinoline. Est. : 350/450€. Lucie, si tu me lis : tu as ici ta réponse à une ancienne question 🙂

 

 

 

 

Mon gros coup de coeur de la vente : Pochette à rabat fin XVIIIe, satin vert brodé au lacet et soie polychrome au point de chaînette de bouquets et de guirlandes de fleurs. Ruban crème pour nouer le rabat et porter la pochette au poignée. On y joint un réticule Napoléon III en velours de soie noir brodé en perles d’acier poli. Est. : 200/300€.

 

 

Sublime et touchant !

 

Quelques tournures :

Une écrevisse.

 

Une tournure en crin à droite, d’autres écrevisses à côté du sac et accessoire amusant : le chapeau « haut de forme » en paille début 19e !
Autant dire qu’il me fut difficile de résister… Du coup j’ai craqué, passé des enchères fixes (la vente étant pour le lendemain) sur une dizaine d’objets (dont le manchon, j’avoue) et me suis mise à prier tantôt pour gagner tantôt pour perdre (question budget car j’avais enchéri parfois largement au dessus de l’estimation). Et puis finalement : je n’ai rien eu ! Un ami présent m’a dit que les enchères avaient flambé de manière complètement folle. Etant donné que les collectivités n’ont absolument rien à faire de ce patrimoine vestimentaire, il y a fort à parier qu’au mieux on retrouvera ces objets aux puces et au pire ils ont quitté la France pour de bon !
Mais petite surprise, il y a 3 objets que je n’ai pas présenté : 2 corsets et 1 robe. Bref, deux futurs billets pour le blog car j’ai pris pleiiiiiiiiiiiiiin de photos de ces objets **hé hé**

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